Hajj 2024 : des centaines d'Africains décèdent à la Mecque - BBC News Afrique (2024)

Plus de 1,8 million de pèlerins, dont 1,6 million étrangers, ont pris part au pèlerinage en Arabie Saoudite cette année 2024, selon les autorités saoudiennes. Ce rite très important dans la vie d’un fidèle musulman, a pris fin lundi dans une note de tragédie avec plusieurs décès annoncés.

Le pèlerinage à la Mecque est l’un des cinq piliers de l’Islam. Et tout musulman qui en a les moyens doit effectuer ce voyage au moins une fois dans sa vie. Mais parfois, certains ne retournent pas vivants dans leur pays. Cette année encore, plusieurs pèlerins sont décédés sur les lieux saints.

Selon l'AFP qui cite des sources diplomatiques, au moins 550 pèlerins étaient morts pendant le hajj qui s'est déroulé sous une forte canicule.

Au moins, 323 des personnes décédées étaient égyptiennes ont déclaré à l'AFP deux diplomates arabes coordonnant les réponses de leurs pays.

27 000 cas « d’épuisem*nt dus à la chaleur », des disparitions de pèlerins, c’est le bilan tragique du pèlerinage à la Mecque cette année. Lundi où se terminait ce pèlerinage, a été la journée fatidique. Les autorités saoudiennes ont prévenu de la chaleur qui était à 51,8 degrés à la Mecque.

Des pèlerins sont morts par suffocation due à la chaleur intense, insupportable. Ce qui a provoqué diverses crises chez eux. D’autres dans les bousculades.

On note également de nombreux Africains de diverses nationalités parmi les personnes décédées en Arabie Saoudite lors du Hajj de cette année.

Le Consul de Djeddah a annoncé le décès de 5 pèlerins marocains

Selon les autorités marocaines, environ 34.000 pèlerins se rendus en Arabie Saoudite pour le voyage saint. 22 500 ont été encadrés par le ministère des Habous et des Affaires islamiques et 11 500 par les agences de voyages.

Le Consul de Djeddah, Abdelillah Daddas a annoncé le décès de cinq pèlerins marocains. Il a expliqué que ces personnes décédées souffraient de « maladies chroniques telles que le diabète et l’hypertension ». Il souligne en outre que trois sont décédés dans leur chambre d’hôtel.

Des décès et des disparitions parmi les pèlerins tunisiens

Sur sa page Facebook, le consulat général de la République de Tunisie a annoncé 23 pèlerins tunisiens qui sont décédés au Hajj. Une liste comprenant les noms de ces pèlerins a été publiée sur la page.

Le Consulat invite les proches de ces pèlerins à contacter les services consulaires pour les formalités nécessaires.

Le coordinateur général de la délégation sanitaire des pèlerins tunisiens a aussi fait cas des disparitions parmi les pèlerins tunisiens à la Mecque cette année.

Hamadi Souissi a d’ailleurs précisé que le nombre exact de ces cas reste à déterminer. Il faut donc faire le tour des hôpitaux pour être fixé, selon lui.

Aida Edhib, déléguée régionale de la jeunesse et des sports, est décédée à la Mecque. Sa mort a été confirmée par le premier délégué chargé de gérer les affaires du gouvernorat de Béja, Saber Benbli qui a présenté ses condoléances à la famille éplorée.

Samedi, le président de l’Observatoire tunisien des droits de l’homme, Mustafa Abdel Kebir a aussi confirmé la mort de cinq pèlerins dans les lieux saints. Ces derniers sont originaires de Ben Guerdane.

11 227 Tunisiens étaient en pèlerinage à la Mecque cette année.

Le Sénégal appelle à l’inhumation sur place de ses pèlerins décédés

Le ministère sénégalais de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères a annoncé la mort de trois Sénégalais à la Mecque. Ces fidèles musulmans y ont été conduits par des voyagistes privés, selon les informations.

Le gouvernement a donc instruit le consul général du Sénégal à Djeddah afin de prendre toutes les dispositions, en accord avec les autorités saoudiennes, pour que ces pèlerins puissent être enterrés sur place « conformément à la tradition musulmane ».

12 860 pèlerins sénégalais ont pris part au Hajj à la Mecque cette année.

Le Nigeria a perdu 2 pèlerins

L’un des décès nigérians relève d’un cas rare qu’on retrouve lors du pèlerinage à la Mecque. Ce pèlerin se serait suicidé en se jetant du toit de son appartement à Médine, selon le Secrétaire exécutif de la Commission des pèlerins musulmans de l’Etat de Kwara, Abdulsalam Adulkadir.

Le deuxième pèlerin nigerian est décédé dans une unité de soins intensifs dans un hôpital public à Médine.

Les autorités saoudiennes dépassées

La cause de la plupart de ces décès reste la chaleur très élevée en Arabie Saoudite lors de ce pèlerinage. La seule journée de dimanche a enregistré plus 27 000 cas d’épuisem*nt dus à la chaleur, selon le ministère saoudien de la santé. Lundi, les autorités ont alerté sur la température qui était de 51,8 degrés.

Les pèlerins s’aspergeaient d’eau sous cette forte chaleur. Mais cela ne les soulageait pas. « La prévention est importante et les pèlerins ne doivent pas sortir aux heures les plus chaudes, sauf en cas de nécessité, ou utiliser un parapluie », a déclaré le ministre saoudien de la santé dans un communiqué.

Il a ajouté : « Nos consignes sanitaires pour les jours à venir sont claires et simples : porter un parapluie, boire régulièrement de l'eau et éviter de s'exposer au soleil ».

Le prince héritier Mohammed Ben Salmane a déclaré que son pays doit tout faire pour « aider les fidèles à accomplir leur culte en toute sécurité et en toute assurance. »

La BBC a tenté de joindre les autorités saoudiennes pour un commentaire sur ces décès, mais en vain.

Le ministre de la santé du pays a salué le déroulement du Hajj qui, selon lui, n’a connu " aucune épidémie ni menace sanitaire, malgré le grand nombre de pèlerins et les difficultés liées aux températures élevées."

Un honneur de mourir pour le Hajj selon un Islamologue

Pour tout fidèle musulman qui accomplit ce pilier de l’Islam, c’est un grand privilège de mourir pour le Hajj à la Mecque.

« En fait, c'est un privilège de mourir en terre sainte. Même les parents du défunt, bien qu'ils ressentent de la douleur à la suite de la mort de leur proche, acceptent cette douleur au nom de la croyance qu'il s'agit d'une bénédiction d'Allah », a déclaré à BBC News Pidgin, Umar Haruna, l’Islamologue.

Même si certains préfèrent ramener les corps des proches chez eux pour les enterrer, la plupart enterrent leurs défunts dans des cimetières proches des lieux saints, afin d’aller prier pour eux très souvent.

Pour Haruna, « Il n'est pas possible de ramener le corps d'un pèlerin mort dans les 24 heures, alors on l'enterre dans la journée en terre saoudienne ».

« En cas de décès d’un pèlerin marocain pendant le Hajj, il peut être soit rapatrié, soit enterré en Arabie saoudite. Mais dans 99 % des cas, les familles optent pour l’enterrement de leurs proches en Arabie saoudite, vu le caractère sacré du lieu », a expliqué Abdelillah Daddas, le consul marocain de Djaddah sur une radio locale.

Un certain nombre de cimetières a été préparé pour enterrer les pèlerins qui meurent pendant le Hajj. Il s’agit des cimetières de Jannat Al-Mala à La Mecque, Jannat Al-Baqi à Médine, le cimetière Al-Adl, le cimetière des martyrs d'Al-Haram, le cimetière d'Al-Rabway et le cimetière d'Arafat.

En 2015, lorsque plus de 2 000 pèlerins sont morts lors d'une bousculade à Mina, les autorités saoudiennes ont déclaré avoir préparé suffisamment de tombes dans les six cimetières pour enterrer les victimes.

Il y a des procédures à suivre avant l’enterrement du pèlerin qui décède lors du Hajj. Sulaiman Aliyu, pharmacien nigerian, a fait partie de l’équipe du Hajj à plusieurs reprises.

Il a déclaré à BBC News Pidgin: « Tout d'abord, tout dépend du lieu de décès du pèlerin. Un pèlerin peut mourir à l'hôpital ou dans une clinique nigériane, car NAHCON (la Commission nationale pour le pèlerinage du Nigeria) possède sa propre clinique en terre sainte, ou bien, il peut mourir dans sa chambre d'hôtel.

« Si le pèlerin meurt à l'hôpital, les autorités de l'hôpital rédigent un rapport et le transmettent à la Commission du Hadj du Nigeria, puis NAHCON attire l'attention de l'État pour l'informer de ce qui s'est passé, puis ils transmettent le rapport à la sécurité saoudienne ainsi qu'au ministère saoudien de la santé et au gouvernement saoudien ».

Pour l’Imam Tajudeen, le processus d’enterrement n’est pas différent de la manière dont on enterre les musulmans dans les autres parties du monde.

« Au cimetière, un imam conduit les gens à réciter les prières funéraires ou Salat al-Janaza, après quoi il enterre le défunt pèlerin », a-t-il dit.